J’aborde un vaste débat, j’en ai conscience.
Mais ma réponse sera simple et claire : l’oreille absolue s’acquiert.
Pour la bonne et simple raison que je ne l’avais pas.
L’oreille absolue est une faculté que j’ai acquise, sur le tard. Et je vais vous raconter comment.
Qu’est-ce que l’oreille absolue ?
Tout d’abord, définissons un peu ce dont nous parlons :
l’oreille absolue est la capacité de reconnaître la hauteur des notes qu’on entend.
Lorsqu’on a l’oreille absolue, il n’y a aucun effort à faire :
on entend littéralement le nom de la note dans n’importe quel son. Dans un système en diapason 440.
Cliché : l’oreille absolue serait innée
J’avais entendu comme tout le monde toute ma vie les grands clichés qui entourent la question de l’oreille absolue.
Le plus communément admis est que l’oreille absolue serait innée. On naîtrait en ayant ou pas l’oreille absolue… Et en tout cas tout serait joué avant l’âge de 6 ans.
Certains ont de la chance et l’ont, et les autres non.
Et hélas il était clair que, pour ma part, je n’avais pas l’oreille absolue…
Ma situation était d’ailleurs tellement lamentable, qu’il m’est arrivé à l’âge de 18 ans, lorsqu’on me présentait deux notes l’une après l’autre, de parfois ne même pas être capable de dire laquelle était la plus aigüe ou la plus grave des deux. Alors donner le nom des notes concernées…
Trouver le nom d’une note qu’on me jouait relevait du parcours du combattant : il me fallait repartir du la 440 qu’on me donnait en référence et monter ou descendre en esprit par succession de tons et ½ tons pour finalement atteindre la note concernée. Et ce pour chaque note d’une dictée. Une véritable usine à gaz… et pas le moindre progrès au fil des années.
Les dictées se complexifiant d’une année à l’autre, je perdais totalement pied, et j’ai fini par jeter l’éponge, rendant parfois des copies blanches. Le stress engendré par cet exercice si difficile pour moi n’arrangeait pas les choses.
Je regardais avec envie mes camarades de classe, heureux élus que de bonnes fées – moins généreuses avec moi – avaient comblés de ce don qui leur facilitait grandement leur parcours de musicien…
Un conseil mal interprété
A l’orgue, certains de mes professeurs m’avaient conseillé parfois au détour d’un cours de « penser le nom des notes » en jouant.
Ce conseil je l’avais compris de travers comme beaucoup d’élèves n’ayant pas l’oreille absolue. J’imaginais qu’il fallait dire intérieurement le nom des notes en même temps que je les jouais, ce qui compliquait en fait énormément la tâche. Il fallait penser deux choses en même temps, faire une lecture de notes en même temps que je jouais. Cela revenait à réciter une poésie, ou lire un journal, ou dire des mots aléatoires par-dessus les notes jouées. Soit deux actions simultanées, quand la première, jouer simplement les notes écrites, posait déjà problème… Et la lecture seule du nom des notes était également compliqué pour moi. Alors le faire le jouant…
Associer les deux était contre-productif et ruinait totalement le résultat final, déjà pas brillant au départ. J’ai vite abandonné.
Mais je me trompais dans mon interprétation de ce conseil. Il ne s’agit en fait pas de surimposer des mots aux notes, il faut simplement « écouter » le nom de la note dans le son. Il vient à nous sans quasiment le moindre effort supplémentaire de notre part. Simplement de l’attention et un apprentissage préalable.
Dans le fond, l’intention des professeurs qui me donnaient ce conseil partait d’un excellent sentiment. Et ils ont raison : l’oreille absolue donne des repères supplémentaires au musicien, nous y reviendrons. Mais ce qui est évident pour eux, écouter le nom des notes, n’est pas compris de leur élève qui, n’ayant pas l’oreille absolue, n’a jamais fait l’expérience d’entendre le nom d’une note dans un son.
Des doutes
La question semblait fermée et résolue : l’oreille absolue est une compétence innée. Je ne l’avais pas. Fin de l’histoire…
Pourtant, depuis toujours je m’interrogeais…
Je crois que ce qui m’a sauvée tout au long de mon parcours a été d’avoir un esprit trop logique pour accepter les incohérences, et qui n’arrive pas à s’arrêter de réfléchir tant qu’il ne trouve pas la réponse à une question. Cela, ainsi que cette certitude intérieure que quelque soit le problème il y a forcément une solution et que je finirai par la trouver en comprenant les mécanismes.
« On naîtrait en ayant ou pas l’oreille absolue… »
Cette affirmation m’avait toujours semblé assez curieuse… ce n’était pas logique.
Le nom des notes changeant d’une langue à l’autre, comment un bébé français, qui met deux ans à prononcer ses premiers mots, pourrait-il dire et entendre « do ! » en entendant un do (qui est « C » en Angleterre ou en Allemagne) sans que personne ne lui ait parlé du nom des notes ? Sans compter que les échelles musicales employées par les diverses cultures dans le monde diffèrent les unes des autres, n’employant même pas les mêmes intervalles de référence entre les notes…
Cela ne tenait pas debout.
Quant au « tout se joue avant 6 ans », ma réussite à rééduquer moi-même mes problèmes de mémoire auditive à très court terme après 20 ans avait de quoi me faire sérieusement douter qu’un cerveau de plus de 6 ans était totalement fichu…
C’est au fond ces doutes qui m’ont encouragée à croire que je pouvais essayer d’acquérir cette faculté.
Et j’ai pris naturellement ce défi à bras le corps, sans certitude de résultat, mais déterminée à avancer dans cette direction le temps qu’il fallait, sans me poser de question. Je n’avais de toute façon rien à perdre.
Méthode
Le principe général semblait assez simple. Il s’agissait de connecter les deux aires du cerveau concernées : l’aire auditive et celle du langage. Et comment connecte-t-on deux aires cérébrales ? en les utilisant simultanément, en les associant l’une à l’autre.
Je pouvais m’appuyer sur le fait que nous le faisons déjà tous depuis notre enfance. C’est ainsi que les sons que nous entendons dans la bouche de nos interlocuteurs ont une signification immédiate pour nous. Nous connectons donc bien l’aire auditive et l’aire du langage (qui se subdivise elle-même en plusieurs fonctions)
Il est vrai que dans notre langue, le français, nous ne prêtons pas attention à la hauteur du son. Mais d’autres langues, comme le mandarin, la syllabe mâ par exemple ne signifie pas la même chose selon la hauteur à laquelle elle est prononcée.
Notre cerveau est le même quelle que soit notre culture : nous avons donc tous la faculté de mémoriser la hauteur exacte d’un son. Simplement nous choisissons de ne pas l’utiliser.
Acquérir l’oreille absolue
Partant de ce principe d’associer hauteur du son et nom de la note, j’ai réfléchi…
Lorsqu’on est musicien, on pratique son instrument au moins deux ou trois heures par jour en moyenne. Ce qui est d’ailleurs une moyenne très basse…
Vous pourriez vous amuser à compter le nombre de notes que vous jouez en une heure…
Faites-le. Vous réaliserez rapidement que cela se compte en milliers voire en dizaine de milliers de notes. Je ne vous demande pas de me croire mais de vérifier par vous-même.
Or il n’y a que 12 hauteurs dans une gamme chromatique, soit 12 hauteurs différentes à mémoriser. Imaginez que vous fassiez l’effort de penser et d’écouter le nom de la note à chaque fois que la hauteur concernée se présente, soit des centaines voire des milliers de fois par heure de travail : vous pensez bien que cela finirait par rentrer…
La piste semblait la bonne. Si on prend l’habitude d’écouter systématiquement dans sa tête le nom des notes que l’on joue, forcément au bout de quelques mois de ce régime je devais sentir l’oreille absolue se mettre en place.
Et c’est ce qui s’est passé.
J’ai pu néanmoins me rendre compte que c’est un processus assez lent, qui demande de la persévérance et une attention particulière.
La raison est que cela demande une concentration supplémentaire au départ, et qu’on ne peut pas en réalité, surtout au début, écouter toutes les notes que l’on joue (particulièrement dans le cas d’un instrument polyphonique).
Exercices
La condition de départ semblait évidente : utiliser toujours un instrument parfaitement accordé, et en diapason 440 hz, qui est la norme.
J’ai mis en place quelques exercices très simples pour commencer :
- Tenir longuement une note et écouter le nom de la note à l’intérieur du son. On peut choisir de ne pas faire toutes les notes à la fois et d’apprendre et mémoriser une note après l’autre sur quelques semaines. J’ai pu remarquer en cours de processus que certaines notes sont mémorisées avant les autres
- Me promener avec un diapason dans la poche et plusieurs fois par jour le sortir, écouter et mémoriser le la
- Ecouter le nom des notes à l’intérieur des morceaux que je jouais dans mon travail quotidien. D’abord sur des notes longues ou des passages lents, puis sur des passages plus rapides. Je m’assurais que j’avais réellement entendu toutes les notes. Je rejouais le motif plus lentement si nécessaire. Puis à la vitesse normale.
- Puisque je jouais d’un instrument polyphonique, je portais mon attention sur les différentes voix de la polyphonie (basse, ténor, alto notamment. Car le réflexe est souvent de n’écouter que le soprano)
- Entendant le nom des notes dans un morceau que j’entendais, je m’assurais que je ne me trompais pas, et je corrigeais si nécessaire
Ces exercices sont en fait restés les mêmes au fur et à mesure du temps. Seule la rapidité a évolué. Et j’ai pu laisser tomber les premiers exercices de mémorisation des hauteurs de notes. J’entendais la succession des noms de notes même dans des passages plus rapides.
J’ai pu me rendre compte que c’est un processus vertueux : plus le processus devient automatique et plus j’entendais le nom des notes sans même avoir à y penser. On entretient en fait cette faculté à chaque fois que l’on joue.
Il en de même que pour la marche, qu’on entretient en marchant quotidiennement. En effet sans cet exercice quotidien, nous perdons cette faculté qui semble pourtant si évidente. Ce que découvrent à leur grand dam tous les malades et accidentés, qui après de longs mois d’immobilisation et d’alitement doivent laborieusement réapprendre à marcher…
Et cet usage quotidien est ce qui finit par la rendre si solide l’oreille absolue, au point qu’on la croit totalement fiable.
A la limite on pourrait presque imaginer à l’inverse de déconstruire cette capacité en faisant l’exercice inverse : en associant des noms aléatoires et qui changeraient sans cesse à la même hauteur de note. Mais l’oreille absolue est un atout si important pour le musicien, qu’aucun d’entre nous ne voudrait faire cette désagréable expérience, à raison.
Néanmoins le cerveau est suffisamment plastique pour désapprendre. Même des automatismes aussi puissants que celui de faire du vélo.
Il désapprend même la marche, nous l’avons vu.
L’oreille absolue en construction
Le processus de mise en place de l’oreille absolue est intéressant, pour peu qu’on l’observe sans jugement, ce qui n’est pas facile.
L’oreille absolue s’affine et se précise au fur et à mesure du temps. J’ai découvert un fait dont on ne parle pas : la marge d’erreur.
On entend un do « à un ton près » ou « à un demi-ton près », par exemple. Et c’est là qu’il est difficile de ne pas se juger : un ré n’est pas un do, un do# n’est pas un do !…
Le fait qu’il puisse y avoir une marge d’erreur semble totalement contradictoire avec l’existence de l’oreille absolue. C’est faux, j’ai pu me rendre compte qu’elle est au contraire le signe qu’elle est en bonne voie de se mettre en place.
D’une marge d’erreur d’abord très large au départ, elle s’affine et se précise, passant peu à peu à une marge d’erreur d’un ton, puis d’un 1/2 ton. Puis elle est juste.
A partir de ce moment-là, comme pour tout apprentissage, il y a encore des hauts et des bas, des jours avec et des jours sans. Il y a encore quelques mois où elle est encore fluctuante selon les jours, parfois c’est juste, parfois la marge d’erreur revient, plus ou moins large. Puis la justesse se stabilise de plus en plus.
Et on pourrait même imaginer de continuer et d’atteindre une précision au ¼ de ton, voire davantage, avec le même processus. Cela pourrait être utile aux instruments chez qui la justesse est une composante cruciale et est fabriquée en temps réel par l’instrumentiste (cordes notamment). Mais c’est inutile pour des instruments à clavier. Et compliqué de toute façon car nous n’avons pas la possibilité de produire ces sons et donc d’apprendre à les écouter, les discriminer et les mémoriser.
Résultats
J’ai peu à peu découvert un nouvel univers. Qui n’est ni tout blanc ni tout noir. Cette capacité vient en effet avec ses avantages et ses inconvénients, dont j’avais entendu parler, mais dont j’ai vraiment pu faire l’expérience.
Même si cela n’a pas révolutionné ma vie autant que de rééduquer ma mémoire auditive à court terme défaillante (cf. mon histoire), c’est un outil supplémentaire non négligeable.
Avantages de l’oreille absolue
- Tout d’un coup les dictées musicales deviennent d’une facilité assez incroyable…
Ce qui ne m’était malheureusement plus d’une très grande utilité, car j’avais fini tant bien que mal par décrocher mon diplôme de Formation Musicale des années auparavant, en compensant mes résultats catastrophiques en dictée par de bons résultats en théorie musicale, analyse, histoire de la musique, etc.
J’avais la chance d’avoir un esprit bardé de capacités logiques et d’une bonne mémoire des choses abstraites.
Cela m’a même aidé pour les dictées : ne retenant rien en mémoire auditive à court terme, et n’entendant pas le nom des notes (cf. mon histoire), il m’est arrivé souvent de deviner, et de combler les trous grâce à mes connaissances théoriques en harmonie. J’écrivais quelque chose de plausible harmoniquement, compte tenu des quelques notes que par miracle j’avais pu relever ici ou là. Et cela limitait un peu les dégâts…
On sous-estime souvent les capacités de compensation de notre cerveau…
- Ce qui est plus intéressant c’est qu’avoir l’oreille absolue a donné une solidité supplémentaire à mon jeu à l’instrument. Entendre le nom des notes que l’on joue donne un repère supplémentaire. On associe directement la hauteur de la note et son nom, qu’on entend, au repère visuel, spatial et kinesthésique, quasiment « géographique », de la touche correspondante sur le clavier. Ce lien direct entre le son et le geste, très intéressant, et auquel j’ai donné le nom de « boucle audio-gestuelle » (en référence à la boucle audio-phonatoire, bien connue, qui nous permet de contrôler le timbre de notre voix en temps réel) fera l’objet d’un article à part.
- Enfin, et je suis en train de le découvrir peu à peu, elle est aussi un support supplémentaire non négligeable pour la mémoire quand il s’agit de jouer par cœur une œuvre musicale…
Inconvénients de l’oreille absolue
Oui, il y en a… tout n’est pas rose. Mais je le savais par le témoignage de mes amis qui l’avaient déjà. La nouveauté a été de le vivre moi-même
- Lorsqu’on joue sur un instrument qui transpose (instrument ancien en 415 hz, ou instrument électronique avec un bouton transpositeur), on est parfois fortement déstabilisé. J’ai remarqué que cela me demande une concentration particulière : mes mains ont tendance à se décaler si je n’y prête pas une attention soutenue. Elles se décalent pour que la correspondance soit juste entre ce que j’entends et les touches que je joue, ce qui entraîne parfois des catastrophes, une main se décalant et pas l’autre.
- Entendre le nom de toutes les notes d’un morceau que vous écoutez peut finir par devenir vraiment agaçant, et vous faire perdre une sensation toute simple : celle de vous plonger dans la musique et de vivre les émotions qu’elle exprime (mais cela reste heureusement possible)
- Lorsqu’une mélodie tourne en rond dans votre tête, c’est encore plus agaçant de s’entendre en épeler automatiquement toutes les notes…
- Si quelqu’un s’amuse à vous chanter une mélodie en mélangeant le nom des notes aléatoirement, votre esprit bugue totalement. Si des neuroscientifiques réalisaient dans cette situation des images IRM, ils repéreraient probablement un message « d’erreur » un peu similaire à celui qu’ils détectent lorsque nous voyons des fautes d’orthographe par exemple, ou lorsque nous sommes confrontés à des erreurs de grammaire ou de syntaxe dans la langue parlée.
Ce qu’on ne vous dit pas sur l’oreille absolue
On croit qu’elle est toujours 100% fiable, 100% du temps. Ce n’est pas le cas.
- Sa précision et sa fiabilité dépendent du timbre du son qu’on écoute. On pourra par exemple avoir une oreille absolue 100% fiable en écoutant son propre instrument, mais être moins sûr de soi en écoutant certains autres instruments ou pour les bruits du quotidien. Il est assez courant que la voix chantée par exemple gêne beaucoup de musiciens ayant l’oreille absolue, l’écoute des syllabes prononcées perturbant la perception du nom de la note.
- Elle peut être perturbée par notre état de fatigue, ou par des émotions. Elle peut être perturbée par le stress. Eh oui, selon les jours et notre forme, elle peut se dérober…
- Elle peut être affectée par le vieillissement
Il me reste des questions : les musiciens jouant de plusieurs instruments transpositeurs (par exemple clarinettes, cors, ou flûtes à bec) peuvent-ils acquérir l’oreille absolue ? et si oui, comment gèrent-ils le fait que le même doigté d’un instrument à l’autre ne produit pas la même note, ou qu’un do écrit sur la partition fasse entendre un la, un si bémol, un fa, un mi bémol, etc. ?
Si vous connaissez des musiciens concernés, auriez-vous l’amabilité de leur transmettre ma question ?
Conclusion
Voilà mon histoire. Peut-être un message d’espoir pour vous si vous n’avez pas (encore) cette faculté.
Je ne dis pas que le chemin est facile et rapide. Il nécessite de la persévérance et du temps, comme toujours dans l’apprentissage de la musique. Il nécessite en fait surtout dans le fond cette foi absolue que c’est possible, car c’est le cas. Mon exemple suffit à le prouver.
Le problème est que le cliché de l’oreille absolue comme don inné est si présent dans l’inconscient collectif qu’il décourage la plupart des gens de tenter de se lancer dans cet apprentissage qui nécessite de l’énergie. Et le fait qu’on en connaisse mal les mécanismes et la méthode d’apprentissage n’aide pas non plus.
Pourtant, si vous n’avez pas encore l’oreille absolue, qu’attendez-vous pour vous y mettre ? Jetez-vous à l’eau, mettez cette valeur ajoutée à votre pratique quotidienne de votre instrument, malgré quelques petits inconvénients, cela change la vie d’un musicien, je peux vous le garantir…
Et si vous l’avez déjà, observez ses caractéristiques et voyez s’il serait intéressant pour vous de l’améliorer ou si elle vous convient ainsi.
Mais je ne vous abandonne pas là, et nous allons explorer un peu plus avant cette capacité mystérieuse, ses différentes formes, et ce qu’elle est pour notre cerveau dans un prochain article. L’oreille absolue n’est dans le fond probablement qu’une forme de synesthésie – lien direct et automatique entre deux aires de notre cerveau, ici l’aire auditive et l’aire du langage.
Je vous en dis bientôt davantage…
Ayant cette fameuse oreille absolue depuis k âge de 8 ans, j’ ai appris à jouer du tuba si b
Il y a 20 ans environ à 40 ans
Au début impossible….
Puis mon oreille a bien voulu “baisser” et j’ ai entendu en si b le tuba, et si joue avec un piano j entends le piano en ut et le tuba en si b, en même temps, ça fonctionne bien
Par contre jouer sur un harmonium qui sonne un ton en dessous ou une tierce au dessus m est impossible…je mets les doigts sur un accord de fa, j entends autre chose…. infernal!
Impossible, jé me perds au bout de 2 mesures
Pour les avantages de cette oreille ?
Quand on tourne les pages d un concert on arrive toujours a suivre même si on rêve un peu !
Puisque on entend tout!
Sinon pour moi elle est plutôt gênante et très fatiguante, un orchestre le cassé la tête avec toutes ces notes qui disent leur nom!
Merci pour cet article, il confirme ce que je pressentais ; dans mon cas, je suis compositeur pour piano et orchestre, et n’ayant pas l’oreille absolue, c’est un désavantage, car lorsqu’on a l’oreille absolue, on peut écrire directement les airs qu’on imagine, je suppose que le gain de temps est considérable, et puis surtout, l’oreille interne permet d’imaginer les univers les plus merveilleux, de tout détailler sur une partition, on pense à une super chevauchée fantastique en musique, et on est capable de la noter sur la partition, quelle joie! quelle simplicité !
En revanche, pour ma part, dans mon travail pour acquérir l’oreille absolue, je vais à chaque hauteur de la partition associer une sensation, une couleur, une personnalité à chaque note, de façon à entrer en contact émotionnel avec elles plutôt que de les nommer, ainsi, chaque note fera référence en moi à une hauteur et à un “monde” ; par exemple, en écoutant le do 4, il me semble accueillant, large, plutôt gris, j’apprends à le connaître en tant que note unique, et ainsi de suite pour les 12 notes de la gamme, ensuite, il viendra les rapports entre les notes, les attractions et les répulsions.
Merci pour votre commentaire.
Vous avez raison, l’oreille absolue étant une association entre deux aires cérébrale, il existe d’autres associations possibles, notamment celle que mettez en place, avec les couleurs, les sensations et les émotions. Olivier Messiaen est connu pour l’avoir utilisée sous cette forme. Chez les chanteurs il existe une oreille absolue « proprioceptive » : ils associent les hauteurs à la sensation corporelle précise qu’elles provoquent en eux lorsqu’ils chantent.
On peut aussi utiliser des repères visuels et spatiaux avec les instruments à claviers. Je comptais développer tout cela dans un article complémentaire, que je n’ai finalement pas encore écrit.
L’association avec le nom de la note est la forme la plus courante, je pense également qu’elle est la plus simple à mettre en place. Mais les autres sont parfaitement possibles aussi, et se renforcent les unes les autres.
Je serais intéressée de connaître l’avancement de vos progrès, et par les résultats de cette expérience. N’hésitez pas à nous les donner dans quelques mois ou années dans ce même espace. Ce serait très intéressant
Bon travail !
Mon expérience :
je suis musicienne, je joue de plusieurs instruments (transpositeurs ou non, quelques accords et morceaux de guitare, du violon, de l’ alto, de la trompette et vaguement du piano+ percus avec mes élèves) mais ne “travaille” pas beaucoup mes instruments, en gros je ne bosse que les accompagnements des chants pour mes élèves à la guitare ou j’accompagne les vocalises au piano.
J’ai commencé le violon à l’âge de 4 ans, me suis fais rabrouée par mes profs de solfèges du conservatoire durant toute ma scolarité (j’ai même eu un commentaire une fois sur mon livret “n’a pas d’oreille”), puis un jour, toujours enfant, j’ai entendu les si et les mi, enfin, le son “i”. J’ai eu l’oreille absolue sans vraiment la travailler et sans me souvenir du moment ou c’est apparût. Le souci, c’est que j’avais toujours des mauvaises notes en dictées de notes car je pouvais mettre dans la même mesure un fa diese et un sol bemol, les tonalités ne voulant rien dire pour moi.
Avec du boulot, des études de musiques, tout s’est stabilisé.. avec une marge d’erreur d’un demi ton parfois parce qu’il m’est arrivé souvent de jouer en 415.
Jusqu’il y a 5 ans ou je me suis mise à la trompette en sib… je devais jouer une gamme à la trompette avant d’être capable d’entendre la première note du morceau que je devais jouer. Pire encore quand dans l’orchestre de cuivre je me trouvais contre les cors..
Depuis, j’entends toujours parfaitement les notes du violon dans un morceau, mais je transpose automatiquement si c’est un morceau de trompette sans être capable de savoir si je l’ai fais, alors quand tout le monde joue ensemble… je me trompe aussi maintenant parfois quand j’entends des notes au piano, je les transposent en sib…la cata…
Merci beaucoup pour votre témoignage très intéressant. Notamment en ce qui concerne les instruments transpositeurs, que je connais moins. Cela me confirme que l’oreille absolue en est déstabilisée.
Merci aussi pour vos autres remarques. Je me souviens avoir moi aussi entendu le son “i” avant de pouvoir distinguer à coup sûr si et mi. La marge d’erreur entre 440 et 415 est assez typique.
Je me souviens d’une de mes anciennes professeur d’histoire de la musique qui nous disait qu’au départ elle ne pouvait s’empêcher d’entendre toute la musique en 440, ce qui faisait de la musique baroque enregistrée en 415 un supplice.. Elle nous disait qu’elle avait fini par s’habituer, et que désormais lorsqu’elle entendait la sonorité d’instruments baroques, son oreille s’adaptait automatiquement et elle entendait les bonnes notes en 415.
Bonjour,
Musicien poly-instrumentiste, je me suis bien gardé de vouloir acquérir l’oreille absolue !
J’ai le souvenir très présent, bien que ce fut il y a une trentaine d’années, d’un concert où j’accompagnais un ami, par ailleurs directeur de conservatoire, et qui est discrètement sorti avant le terme du concert… Avec un mal de tête carabiné. Il m’a ensuite expliqué que c’était hélas assez ordinaire……
J’ai par ailleurs un peu l’impression qu’ici-même, dans certains commentaires, les musiciens font une confusion entre oreille absolue – source potentielle de problèmes comme l’article le souligne – et l’oreille relative, laquelle ne me semble présenter que des avantages…
C’est cette oreille que j’invite mes élèves à cultiver.
Et donc, je suis assez critique avec cette invitation à cultiver une oreille absolue.
Mais je suis tout-à-fait en accord sur les articles concernant la mémoire échoïque, que je fais travailler à partir de motifs modaux improvisés, mais aussi sur ce que je nomme personnellement le chant intérieur – indispensable ! Quant à la proprioception, qu’elle ne soit pas plus présentée dans les pratiques amateurs, est pour moi un grand mystère… ! ?
Merci pour votre implication, et votre sens du partage 🙂
c”est tres passionnant